À la découverte de l'Apocalypse (5)

APOCALYPSE
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Jeudi 21 Avril 2016
Les symboles de l'Apocalypse
Raismes

 

Si un jour vous passez par Maubeuge, arrêtez-vous devant l’église saint Pierre saint Paul. Vous découvrirez une façade surprenante par la technique inhabituelle utilisée pour sa décoration. De part et d’autres de la porte principale, une mosaïque en émaux de Murano dessine quelques symboles qui représentent Pierre " le pêcheur d'hommes " et Paul «l’apôtre des nations ; et au centre, à l’image d’une ville du 20ème siècle, la Jérusalem céleste. Cette façade est l’oeuvre du peintre Jean Lurçat dont le frère André fut chargé après la seconde guerre mondiale de la reconstruction de la ville de Maubeuge et de son église. Jean Lurçat dessina ces motifs et c’est le céramiste Michel Schmidt-Chevalier qui réalisa la mosaïque.

 

Un mot sur Jean Lurçat, né en 1892 et mort en 1966, artiste aux talents multiples, peintre, céramiste et créateur de tapisseries. L’art de Jean Lurçat fut profondément marqué par la rencontre d’un chef-d’oeuvre. En 1937, il découvre à Angers, la Tapisserie de l’Apocalypse. Bouleversé par ce qu’il considère comme une oeuvre majeure de l’art occidental, il réalisera une réplique moderne de l’Apocalypse intitulée «le Chant du monde».

 

Cette oeuvre qui a imprégné l’art de Lurçat va servir de guide à notre cinquième matinée à la découverte de l’Apocalypse, une matinée où nous attacherons à découvrir et décrypter les nombreux symboles qui peuplent le livre de l’Apocalypse. Ces symboles nous les retrouverons tissés par les artisans du moyen-âge qui réalisèrent cette oeuvre durant 9 années. Vous pouvez la découvrir au château d’Angers où une grande partie est exposée, celle qui a survécue aux vicissitudes de l’histoire. Commandée en 1375 par le duc Louis Ier d’Anjou, cette tapisserie de 106 mètres de long, compte 74 tableaux aux couleurs exceptionnelles. 

 

Mais qu’est-ce qu’une tapisserie. Il y a toute une série d’explication techniques qu’il n’y a pas lieu de donner ici. Je laisserai plutôt la parole à  Jean Lurçat lui même : "Eh bien, c'est un tissu, ni plus ni moins qu'un tissu, mais c'est un tissu rugueux et cependant onctueux. Coloré, mais limité dans ses nuances. Souple, mais par chance d'une souplesse moins féline que la soie et le linon ; lourd et lourd, c'est bien là le mot qui me satisfait pleinement, lourd de toute cette laine, de toute cette toison nouée sur elle-même, de tous ces fils tassés par le peigne de fer et soudés à la chaîne par des entrelacs et des nœuds savants. Et si ce tissu est vraiment beau, c'est qu'il est lourd, enfin et surtout, de signification. Il y a toujours quelque chose de pesant dans la somptuosité et dans une certaine richesse de pensée". 

 

Le tissage existe depuis la plus haute antiquité. Mais c’est au moyen-âge que va se développer l’art de la tapisserie. Au 14e siècle, les lissiers des Flandres et du nord et du centre de la France exportent leur art à travers l’Europe. C’est dans cette période que Louis d’Anjou fait réaliser ce que certains ont appelé «chapelle sixtine de la laine».

 

1375, date de la commande, c’est le temps de la Guerre de 100 ans où s’affrontent Anglais et Français. Ce sont les dernières années du règne de Charles V qui a  réformé la monarchie française qui a repris le dessus sur l’Angleterre. Mais les troubles militaires ou politiques ne sont pas le facteur principal de la déstabilisation de la société tant française qu’européenne. Le siècle qui va de 1350 à 1450 est un des plus noirs de notre histoire.

 

On peut parler de siècle des épidémies qui vont entraîner un très fort recul démographique. Au plus fort de la crise, des régions comme l’Île de France, l’est de la Normandie, la Provence vont perdre 70 % de leurs habitants. La peste noire sévit dans le royaume entre 1347 et 1352. Le vicaire paroissial de Givry en Bourgogne a tenu entre 1334 et 1357 un registre des casuels reçus à l’occasion des mariages et des enterrements. On compte habituellement 28 à 29 décès par an. En 1348, il y aura 649, dont 621 entre mi-juillet et mi-novembre, 621 morts en 5 mois !

 

Cela faisait presque 500 ans qu’on avait pas connues de telles épidémies. Les autorités restent impuissantes. Faute de comprendre la maladie, on ne prend pas les mesures sanitaires qui pourraient dans une certaines mesure limiter la mortalité. Alors on se tourne vers Dieu, voyant dans la peste une punition infligée aux chrétiens pour leurs péchés

 

Article publié par André-Benoît DRAPPIER • Publié le Mardi 16 février 2016 • 2187 visites

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